Fiscalité du PER : comment choisir entre imposition sur le revenu et sur les plus-values ?

La gestion de la fiscalité du Plan d’Épargne Retraite (PER) représente un enjeu majeur pour optimiser sa stratégie d’épargne à long terme. Lors du dénouement du PER, deux options fiscales s’offrent aux épargnants : l’imposition sur le revenu ou sur les plus-values. Ce choix, loin d’être anodin, peut avoir des conséquences significatives sur le montant net perçu à la retraite. La décision doit être prise en fonction de multiples facteurs personnels : taux marginal d’imposition, montant du capital constitué, proportion entre versements volontaires et gains générés. Une analyse approfondie des mécanismes fiscaux s’impose donc pour déterminer la solution la plus avantageuse selon sa situation individuelle.

Fondamentaux de la fiscalité du PER

Le Plan d’Épargne Retraite (PER) a été instauré par la loi PACTE de 2019 avec l’objectif de simplifier et d’harmoniser les dispositifs d’épargne retraite supplémentaire. Sa fiscalité repose sur un principe fondamental : les versements volontaires bénéficient d’une déduction fiscale à l’entrée, tandis que les sorties sont taxées. Ce mécanisme fiscal, qualifié de « différé d’imposition », vise à encourager l’épargne de long terme tout en préservant les recettes fiscales de l’État.

À l’entrée, les versements volontaires peuvent être déduits du revenu imposable dans la limite de plafonds définis par la législation fiscale. Pour les salariés, ce plafond correspond à 10% des revenus professionnels de l’année précédente, limité à 8 fois le Plafond Annuel de la Sécurité Sociale (PASS). Pour les indépendants, ce plafond est porté à 10% du PASS majoré de 15% sur la fraction du bénéfice comprise entre 1 et 8 fois le PASS. Cette déduction fiscale génère une économie d’impôt immédiate proportionnelle au taux marginal d’imposition du contribuable.

À la sortie, lors du déblocage des fonds à la retraite, deux options fiscales s’offrent à l’épargnant pour les versements volontaires ayant bénéficié d’une déduction fiscale :

  • L’imposition sur le revenu : le capital constitué est intégralement soumis à l’impôt sur le revenu selon le barème progressif
  • L’imposition forfaitaire sur les plus-values (ou gains) : seuls les gains réalisés sont taxés au Prélèvement Forfaitaire Unique (PFU) de 30% (12,8% d’impôt + 17,2% de prélèvements sociaux)

Il convient de noter que cette option n’est disponible que pour les sorties en capital issues de versements volontaires. Les sorties en rente viagère suivent un régime fiscal spécifique avec application du barème des rentes viagères à titre gratuit après abattement variable selon l’âge du bénéficiaire.

Les versements effectués par l’employeur (abondement, participation, intéressement) obéissent à des règles distinctes. Exonérés d’impôt sur le revenu à l’entrée, ils sont, à la sortie en capital, exonérés d’impôt sur le revenu pour la part correspondant aux versements initiaux, tandis que les gains sont soumis au Prélèvement Forfaitaire Unique.

La compréhension de ces mécanismes constitue le préalable indispensable à toute réflexion sur la stratégie fiscale à adopter. Le choix entre imposition sur le revenu ou sur les plus-values doit s’effectuer au regard de la situation personnelle de l’épargnant et de la composition de son plan d’épargne retraite.

Analyse comparative des deux régimes fiscaux

Pour déterminer l’option la plus avantageuse entre l’imposition sur le revenu et celle sur les plus-values, une analyse comparative détaillée s’impose. Chaque régime présente des caractéristiques distinctes qui influencent directement le montant net perçu à la sortie du PER.

Mécanisme de l’imposition sur le revenu

Lorsque l’épargnant opte pour l’imposition sur le revenu, l’intégralité du capital retiré (versements initiaux + gains) est soumise au barème progressif de l’impôt sur le revenu. Cette option s’inscrit dans la logique du différé d’imposition : les sommes ayant bénéficié d’une déduction fiscale à l’entrée sont taxées à la sortie.

Les taux marginaux d’imposition actuels (2023) s’échelonnent de 0% à 45%, auxquels s’ajoute la contribution exceptionnelle sur les hauts revenus pour les foyers fiscaux les plus aisés. L’application de ce barème progressif signifie que le capital retiré peut potentiellement être soumis à différentes tranches d’imposition.

Un point majeur à considérer est l’impact du déblocage sur le taux marginal d’imposition du contribuable. En effet, l’ajout du capital débloqué aux revenus de l’année peut entraîner un franchissement de tranches d’imposition et augmenter significativement la pression fiscale. Pour atténuer cet effet, il peut être judicieux d’échelonner les retraits sur plusieurs années fiscales.

Mécanisme de l’imposition sur les plus-values

L’option pour l’imposition sur les plus-values présente un fonctionnement radicalement différent. Dans ce cas, seuls les gains générés par le capital sont soumis à l’impôt, tandis que les versements initiaux sont exonérés puisqu’ils n’ont pas bénéficié de la déduction fiscale à l’entrée.

Ces gains sont taxés au Prélèvement Forfaitaire Unique (PFU) de 30%, décomposé en 12,8% d’impôt sur le revenu et 17,2% de prélèvements sociaux. Ce taux forfaitaire présente l’avantage de la prévisibilité et de la stabilité, indépendamment du niveau de revenus du contribuable.

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Toutefois, ce choix implique de renoncer rétroactivement à l’avantage fiscal dont ont bénéficié les versements à l’entrée. Concrètement, l’administration fiscale recalcule l’impôt sur le revenu des années durant lesquelles des déductions ont été pratiquées, générant une forme de « rattrapage fiscal« . Ce rattrapage s’effectue sans application de pénalités ni d’intérêts de retard.

Tableau comparatif des avantages et inconvénients

  • Imposition sur le revenu : Avantage de conserver le bénéfice de la déduction fiscale à l’entrée; Inconvénient d’une taxation potentiellement élevée sur l’intégralité du capital
  • Imposition sur les plus-values : Avantage d’une taxation limitée aux seuls gains à un taux forfaitaire de 30%; Inconvénient de perdre rétroactivement l’avantage fiscal à l’entrée

Cette comparaison met en lumière l’absence de solution universellement optimale. Le choix doit être guidé par une analyse personnalisée tenant compte de multiples facteurs : le taux marginal d’imposition à la retraite, le montant des versements effectués, la performance du plan et la proportion entre capital investi et plus-values réalisées.

Critères décisionnels pour un choix éclairé

Face à ces deux options fiscales, plusieurs facteurs déterminants doivent guider la décision de l’épargnant. Une analyse méthodique de ces critères permet d’identifier la solution fiscalement optimale selon le profil et la situation personnelle.

L’évolution du taux marginal d’imposition

Le taux marginal d’imposition (TMI) constitue le critère primordial dans cette décision. La logique fiscale du PER repose sur l’anticipation d’une baisse du TMI entre la période d’activité et celle de la retraite. Si cette hypothèse se vérifie, l’imposition sur le revenu peut s’avérer avantageuse.

Concrètement, si le TMI pendant la phase d’épargne est de 41% et qu’il tombe à 30% à la retraite, l’économie fiscale réalisée à l’entrée (41%) surpasse le coût fiscal à la sortie (30%). À l’inverse, si le TMI reste stable ou augmente, l’option pour l’imposition sur les plus-values mérite d’être examinée attentivement.

L’analyse doit intégrer une projection des revenus à la retraite, incluant pensions, revenus fonciers, revenus de capitaux mobiliers et éventuels revenus d’activité maintenus. Cette projection permet d’estimer le TMI applicable lors du déblocage du PER.

Le ratio entre versements et plus-values

La composition du capital constitué représente un second facteur déterminant. Plus la part des plus-values est faible par rapport aux versements initiaux, plus l’option pour l’imposition sur les plus-values devient intéressante.

Prenons l’exemple d’un PER constitué à 80% de versements et 20% de plus-values. Avec l’option pour l’imposition sur le revenu, 100% du capital sera taxé au barème progressif. En choisissant l’imposition sur les plus-values, seuls 20% du capital seront soumis au PFU de 30%, bien que l’avantage fiscal à l’entrée soit perdu.

Ce ratio évolue naturellement avec la durée de détention du plan. Un PER détenu sur une longue période verra généralement la part des plus-values augmenter, modifiant progressivement l’équilibre entre les deux options fiscales.

Le montant global du capital constitué

L’ampleur du capital accumulé influence directement l’impact fiscal de son déblocage. Un capital important, libéré en une seule fois et soumis au barème progressif de l’impôt sur le revenu, peut entraîner un effet de seuil particulièrement pénalisant.

Pour illustrer ce phénomène, considérons un retraité percevant 30 000 € annuels de pension, imposés dans la tranche à 11%. Le déblocage d’un PER de 200 000 € pourrait propulser temporairement ses revenus dans les tranches supérieures d’imposition, jusqu’à 45%. Dans cette configuration, l’option pour l’imposition forfaitaire sur les plus-values peut s’avérer préférable, malgré la perte de l’avantage fiscal initial.

Alternativement, une stratégie de fractionnement des retraits sur plusieurs exercices fiscaux peut permettre de limiter la progression dans le barème tout en conservant le bénéfice de la déduction initiale.

L’horizon temporel et le contexte fiscal

La stabilité du cadre fiscal ne peut être garantie sur le long terme. Les barèmes d’imposition, les taux du PFU et les modalités de taxation des revenus sont susceptibles d’évoluer au gré des réformes fiscales.

Cette incertitude législative constitue un paramètre à intégrer dans la réflexion, particulièrement pour les épargnants dont l’horizon de retraite est lointain. Une approche prudente consiste à réévaluer périodiquement sa stratégie en fonction des évolutions réglementaires et de sa situation personnelle.

Par ailleurs, le contexte fiscal global du foyer doit être pris en compte : autres revenus, situation patrimoniale, stratégies de transmission envisagées. Ces éléments peuvent influer sur l’opportunité de privilégier l’une ou l’autre des options fiscales.

Simulations chiffrées et cas pratiques

Pour concrétiser les principes théoriques précédemment exposés, examinons différents scénarios à travers des simulations chiffrées. Ces exemples illustrent comment le choix fiscal peut varier selon les profils d’épargnants.

Cas 1 : Forte baisse du taux marginal d’imposition à la retraite

Considérons le cas de Monsieur Martin, cadre supérieur dont le taux marginal d’imposition (TMI) pendant sa vie active était de 41%. Il a constitué un PER de 100 000 € comprenant 70 000 € de versements et 30 000 € de plus-values. À la retraite, son TMI est désormais de 11%.

Option 1 – Imposition sur le revenu :

  • Impôt dû : 100 000 € × 11% = 11 000 €
  • Montant net perçu : 89 000 €

Option 2 – Imposition sur les plus-values :

  • Rattrapage fiscal sur les versements : 70 000 € × (41% – 0%) = 28 700 €
  • Imposition des plus-values : 30 000 € × 30% = 9 000 €
  • Total des impositions : 37 700 €
  • Montant net perçu : 62 300 €

Dans ce scénario, l’option pour l’imposition sur le revenu s’avère nettement plus avantageuse. La forte baisse du TMI à la retraite permet de bénéficier pleinement du mécanisme de différé d’imposition : déduction à 41% pendant l’activité, taxation à 11% à la retraite.

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Cas 2 : Stabilité du taux marginal d’imposition

Madame Durand, profession libérale, a maintenu un niveau de revenus élevé même à la retraite grâce à des investissements locatifs. Son TMI reste stable à 30%. Son PER s’élève à 200 000 € dont 120 000 € de versements et 80 000 € de plus-values.

Option 1 – Imposition sur le revenu :

  • Impôt dû : 200 000 € × 30% = 60 000 €
  • Montant net perçu : 140 000 €

Option 2 – Imposition sur les plus-values :

  • Rattrapage fiscal : 120 000 € × 30% = 36 000 €
  • Imposition des plus-values : 80 000 € × 30% = 24 000 €
  • Total des impositions : 60 000 €
  • Montant net perçu : 140 000 €

Dans ce cas, les deux options aboutissent exactement au même résultat. Ce scénario d’équivalence se produit lorsque le taux d’imposition à la sortie est identique au taux ayant permis la déduction à l’entrée, et que le taux forfaitaire sur les plus-values correspond également à ce même taux.

Cas 3 : Performance exceptionnelle du PER

Monsieur Petit a investi précocement dans son PER avec une allocation dynamique qui a généré une performance remarquable. Son plan de 300 000 € comprend 100 000 € de versements et 200 000 € de plus-values. Son TMI à la retraite est de 30%.

Option 1 – Imposition sur le revenu :

  • Impôt dû : 300 000 € × 30% = 90 000 €
  • Montant net perçu : 210 000 €

Option 2 – Imposition sur les plus-values :

  • Rattrapage fiscal : 100 000 € × 30% = 30 000 €
  • Imposition des plus-values : 200 000 € × 30% = 60 000 €
  • Total des impositions : 90 000 €
  • Montant net perçu : 210 000 €

À nouveau, les deux options s’équilibrent parfaitement. Toutefois, si le TMI de Monsieur Petit avait été supérieur à 30%, l’option pour l’imposition sur les plus-values serait devenue avantageuse.

Cas 4 : Impact d’un déblocage massif sur le TMI

Madame Legrand perçoit une pension annuelle de 25 000 €, imposée à 11%. Elle envisage de débloquer son PER de 250 000 € (dont 150 000 € de versements et 100 000 € de plus-values) en une seule fois.

Option 1 – Imposition sur le revenu :

  • Revenus imposables : 25 000 € + 250 000 € = 275 000 €
  • Application du barème progressif entraînant un TMI de 45% sur une partie significative
  • Impôt estimé : 103 000 €
  • Montant net perçu : 147 000 €

Option 2 – Imposition sur les plus-values :

  • Rattrapage fiscal (avec TMI moyen historique de 30%) : 150 000 € × 30% = 45 000 €
  • Imposition des plus-values : 100 000 € × 30% = 30 000 €
  • Total des impositions : 75 000 €
  • Montant net perçu : 175 000 €

Dans ce scénario, l’option pour l’imposition sur les plus-values s’avère nettement plus favorable. L’effet de seuil provoqué par le déblocage massif rend prohibitif le coût fiscal de l’imposition sur le revenu.

Ces simulations démontrent qu’aucune option n’est systématiquement préférable. Le choix optimal dépend étroitement de la situation personnelle de l’épargnant, de la composition de son PER et de sa stratégie globale de revenus à la retraite.

Stratégies d’optimisation pour maximiser le rendement net

Au-delà du simple choix entre imposition sur le revenu et imposition sur les plus-values, diverses stratégies permettent d’optimiser la fiscalité du PER. Ces approches, complémentaires ou alternatives, visent à minimiser la charge fiscale globale tout en préservant la flexibilité financière à la retraite.

Fractionnement des retraits dans le temps

Le déblocage échelonné constitue une stratégie particulièrement efficace pour limiter l’impact fiscal d’un capital important. En fractionnant les retraits sur plusieurs années fiscales, l’épargnant évite l’effet de seuil qui pourrait le propulser dans les tranches supérieures du barème de l’impôt sur le revenu.

Par exemple, plutôt que de débloquer 200 000 € en une fois, un fractionnement en quatre retraits annuels de 50 000 € permet généralement de maintenir l’imposition dans des tranches plus favorables. Cette approche est d’autant plus pertinente que le taux marginal d’imposition du contribuable est proche d’un seuil de tranche.

Cette stratégie présente toutefois l’inconvénient de différer la disponibilité totale des fonds et d’exposer l’épargnant au risque d’évolutions législatives défavorables. Une analyse prospective du cadre fiscal s’impose donc avant d’opter pour un déblocage progressif.

Combinaison judicieuse des modes de sortie

Le PER offre une flexibilité remarquable quant aux modalités de sortie : capital, rente viagère ou combinaison des deux. Cette souplesse peut être mise à profit dans une optique d’optimisation fiscale.

La sortie en rente viagère bénéficie d’un traitement fiscal spécifique : après application d’un abattement variable selon l’âge du bénéficiaire (70% à partir de 70 ans), seule la fraction imposable est soumise au barème progressif. Pour les épargnants âgés, ce régime peut s’avérer particulièrement avantageux.

Une approche hybride peut consister à:

  • Opter pour une sortie partielle en capital, calibrée pour rester dans une tranche d’imposition raisonnable
  • Compléter par une rente viagère bénéficiant des abattements fiscaux
  • Éventuellement, programmer des rachats partiels ultérieurs en fonction de l’évolution des besoins et du cadre fiscal

Cette combinaison permet d’équilibrer les avantages fiscaux immédiats avec la sécurisation d’un revenu régulier tout au long de la retraite.

Pilotage stratégique des différents compartiments du PER

Le PER est structuré en trois compartiments distincts, chacun obéissant à des règles fiscales spécifiques:

  • Compartiment des versements volontaires
  • Compartiment des versements issus de l’épargne salariale
  • Compartiment des versements obligatoires

Cette architecture compartimentée ouvre la voie à des stratégies de pilotage fiscal sophistiquées. L’épargnant peut moduler ses versements entre ces différents compartiments en fonction de sa situation fiscale et de ses objectifs.

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Par exemple, un contribuable dont le taux marginal d’imposition est faible peut privilégier les versements issus de l’épargne salariale (intéressement, participation) qui ne procurent pas d’avantage fiscal à l’entrée mais bénéficient d’une fiscalité allégée à la sortie. À l’inverse, un contribuable fortement imposé orientera prioritairement ses flux vers le compartiment des versements volontaires déductibles.

À l’approche de la retraite, une analyse fine de la composition de chaque compartiment permettra de déterminer l’ordre optimal des rachats et le régime fiscal à privilégier pour chacun d’eux.

Articulation avec les autres revenus et produits d’épargne

L’optimisation fiscale du PER ne peut s’envisager isolément. Elle doit s’inscrire dans une stratégie patrimoniale globale, en articulation avec les autres sources de revenus et produits d’épargne.

La diversification des supports d’épargne retraite (assurance-vie, SCPI, immobilier locatif) permet de bénéficier de régimes fiscaux complémentaires et de moduler ses revenus en fonction de la pression fiscale. Par exemple, les retraits sur une assurance-vie de plus de huit ans bénéficient d’un abattement annuel de 4 600 € (9 200 € pour un couple) sur les gains.

Une approche intégrée consiste à:

  • Évaluer l’ensemble des revenus prévisionnels à la retraite (pensions, revenus fonciers, dividendes…)
  • Identifier la combinaison optimale de revenus permettant de minimiser le taux d’imposition global
  • Programmer les retraits du PER en complément, en veillant à ne pas franchir les seuils de tranches défavorables

Cette vision holistique de la fiscalité retraite constitue un levier puissant d’optimisation du rendement net global du patrimoine.

Les pièges à éviter et points de vigilance

Malgré ses atouts indéniables, la fiscalité du Plan d’Épargne Retraite recèle plusieurs subtilités et zones d’ombre susceptibles de piéger l’épargnant mal informé. Une connaissance approfondie des écueils potentiels s’avère indispensable pour sécuriser sa stratégie fiscale.

Les conséquences méconnues du rattrapage fiscal

L’option pour l’imposition forfaitaire sur les plus-values entraîne un rattrapage fiscal dont les modalités pratiques méritent une attention particulière. Ce rattrapage consiste en une réintégration dans le revenu imposable des sommes déduites lors des versements, mais son application concrète soulève plusieurs questions.

Premièrement, le rattrapage s’effectue sans application de pénalités ni d’intérêts de retard, ce qui constitue un avantage non négligeable. Toutefois, l’administration fiscale recalcule l’impôt des années concernées en fonction des taux d’imposition alors en vigueur, et non au taux actuel du contribuable.

Pour les plans alimentés sur une longue période, cette réintégration peut s’avérer complexe à anticiper, particulièrement si le contribuable a connu des variations significatives de sa situation fiscale (changement de tranche, modification de la composition du foyer fiscal, évolution des barèmes d’imposition).

Par ailleurs, ce rattrapage fiscal peut impacter d’autres éléments de la déclaration de revenus, comme le plafonnement du quotient familial ou l’éligibilité à certains crédits d’impôt soumis à conditions de ressources. Une analyse globale des conséquences fiscales s’impose donc avant d’opter pour cette solution.

L’impact sur les prélèvements sociaux et contributions annexes

Au-delà de l’impôt sur le revenu stricto sensu, le choix du régime fiscal influence également l’application des prélèvements sociaux et contributions annexes.

Dans le cadre de l’imposition sur le revenu, les sommes perçues sont intégrées au revenu fiscal de référence (RFR), lequel détermine l’assujettissement à diverses contributions : contribution sociale généralisée (CSG), contribution au remboursement de la dette sociale (CRDS), contribution additionnelle de solidarité pour l’autonomie (CASA).

Pour les retraités, le taux de CSG applicable aux pensions varie de 0% à 8,3% selon le niveau du RFR. Un déblocage massif peut donc entraîner, au-delà de son impact direct sur l’impôt sur le revenu, une augmentation du taux de prélèvements sociaux sur l’ensemble des pensions perçues pendant l’année concernée.

À l’inverse, avec l’option pour l’imposition forfaitaire sur les plus-values, les prélèvements sociaux sont inclus dans le taux global de 30% du PFU et n’impactent pas le calcul du RFR pour les autres revenus.

Les contraintes liées à l’irrévocabilité du choix fiscal

Une fois effectué, le choix entre imposition sur le revenu et imposition sur les plus-values présente un caractère irrévocable. Cette caractéristique impose une réflexion approfondie en amont de toute décision.

L’option s’exerce lors du déblocage et s’applique à l’intégralité des sommes issues de versements volontaires débloquées simultanément. Il n’est pas possible de panacher les régimes fiscaux pour une même opération de rachat.

Toutefois, pour les rachats ultérieurs, l’épargnant conserve la liberté de choisir un régime différent. Cette flexibilité permet d’adapter sa stratégie fiscale à l’évolution de sa situation personnelle et du contexte législatif.

Cette particularité ouvre la voie à des stratégies de déblocage séquentiel, où chaque retrait fait l’objet d’une analyse spécifique quant au régime fiscal optimal à lui appliquer.

Les risques d’évolution législative

La stabilité du cadre fiscal constitue une préoccupation légitime pour tout épargnant de long terme. Or, l’histoire fiscale française se caractérise par de fréquentes modifications législatives affectant l’épargne.

Plusieurs évolutions potentielles méritent d’être anticipées :

  • Modification des barèmes de l’impôt sur le revenu
  • Ajustement du taux du Prélèvement Forfaitaire Unique
  • Réforme des modalités de déduction des versements
  • Évolution du traitement fiscal des rentes viagères

Face à cette incertitude, une approche prudente consiste à diversifier non seulement ses placements mais également ses régimes fiscaux. Cette diversification permet de répartir le risque législatif et d’adapter sa stratégie aux évolutions réglementaires.

Par ailleurs, les épargnants doivent rester vigilants quant aux périodes transitoires souvent prévues lors des réformes fiscales. Ces dispositions peuvent offrir des opportunités d’optimisation pour les contribuables attentifs.

Les spécificités liées aux situations particulières

Certaines situations personnelles appellent une vigilance accrue dans le choix du régime fiscal applicable au PER :

Pour les non-résidents fiscaux, le traitement des retraits du PER dépend des conventions fiscales internationales. L’imposition peut être partagée entre la France et le pays de résidence selon des modalités variables. Une analyse au cas par cas s’impose, idéalement avec l’accompagnement d’un conseiller spécialisé en fiscalité internationale.

En cas de décès du titulaire, les sommes épargnées sur le PER sont soumises aux droits de succession après application d’abattements spécifiques selon l’âge du souscripteur lors des versements. Ce traitement diffère de celui applicable à l’assurance-vie, ce qui doit être intégré dans toute stratégie de transmission patrimoniale.

Enfin, les situations de déblocage anticipé (acquisition de la résidence principale, invalidité, surendettement, expiration des droits au chômage, cessation d’activité non salariée) obéissent à des règles fiscales particulières qui méritent une attention spécifique.

La prise en compte de ces particularités permet d’affiner sa stratégie fiscale et d’éviter les désagréments liés à une mauvaise anticipation des conséquences fiscales de ses choix.