Le recouvrement des loyers impayés est une problématique récurrente pour les propriétaires bailleurs. En tant qu’avocat spécialisé en droit immobilier, il est essentiel de connaître les différentes étapes de cette procédure complexe afin d’accompagner efficacement vos clients dans leurs démarches. Cet article vous présente les principaux aspects de la procédure de recouvrement des loyers impayés, ainsi que les conseils et recommandations pour mener à bien cette mission.
1. La phase amiable
Avant d’engager toute action judiciaire, il est recommandé de tenter une résolution amiable du litige. Cette phase permet souvent d’éviter des frais importants et un allongement inutile des délais de traitement. Plusieurs actions peuvent être entreprises à ce stade :
- Rappel écrit au locataire: le bailleur peut adresser une lettre simple ou une mise en demeure par lettre recommandée avec accusé de réception (LRAR) au locataire en lui rappelant ses obligations et en exigeant le règlement immédiat des sommes dues.
- Négociation avec le locataire: selon la situation financière du locataire et les causes du non-paiement, il peut être envisagé un échéancier de paiement ou une remise partielle des impayés.
- Faire appel à un tiers: le bailleur peut également solliciter l’aide d’un médiateur, d’un conciliateur de justice ou d’un huissier de justice pour tenter de résoudre le litige à l’amiable. Cette démarche est facultative mais peut s’avérer efficace.
2. La saisine du juge des contentieux de la protection
Si la phase amiable n’a pas abouti, il convient alors d’engager une action en justice afin de récupérer les loyers impayés et éventuellement résilier le bail. Le juge compétent est le juge des contentieux de la protection, qui a remplacé le juge d’instance depuis la réforme du 1er janvier 2020. La saisine du juge se fait par voie de requête, accompagnée des pièces justificatives (bail, quittances impayées, etc.). L’assistance d’un avocat n’est pas obligatoire devant ce juge, mais elle est vivement recommandée compte tenu de la complexité des règles applicables.
3. L’obtention d’une ordonnance portant injonction de payer
Le juge peut rendre une ordonnance portant injonction de payer, qui condamne le locataire à régler les sommes dues dans un délai déterminé. Cette décision doit être signifiée au locataire par acte d’huissier. Si le locataire ne conteste pas l’ordonnance dans un délai d’un mois, celle-ci devient exécutoire et permet au bailleur de procéder à l’exécution forcée des mesures ordonnées (saisie des biens du locataire, par exemple).
4. La demande de résiliation du bail et d’expulsion du locataire
Si le bail contient une clause résolutoire, la résiliation du bail peut être automatique en cas de non-paiement des loyers. Toutefois, cette résiliation doit être constatée par le juge. Ainsi, le bailleur doit demander au juge de prononcer la résiliation du bail et l’expulsion du locataire si celui-ci ne régularise pas sa situation dans les délais impartis.
Il est important de noter que certaines périodes sont protégées contre les expulsions, notamment en hiver (du 1er novembre au 31 mars). De plus, le juge dispose d’un pouvoir d’appréciation pour accorder des délais de paiement supplémentaires au locataire ou suspendre l’expulsion.
5. L’exécution des mesures ordonnées par le juge
Une fois que le juge a rendu sa décision, il appartient au bailleur de veiller à son exécution. Pour cela, il peut confier cette mission à un huissier de justice qui sera chargé de signifier la décision au locataire, de procéder aux saisies éventuelles et d’obtenir l’aide des forces de l’ordre pour mettre en œuvre l’expulsion si nécessaire.
Le recouvrement des loyers impayés est une procédure complexe et souvent longue. Les propriétaires bailleurs doivent donc être vigilants et réactifs dès les premiers signes de difficultés afin d’éviter une aggravation de la situation. L’assistance d’un avocat spécialisé en droit immobilier est un atout précieux pour maîtriser les différentes étapes de cette procédure et s’assurer du respect des droits et obligations de chacune des parties.