Face à la mondialisation et à la complexification des affaires, les avocats français sont de plus en plus souvent amenés à intervenir à l’étranger. Mais quelles sont les règles qui s’appliquent à ces professionnels du droit lorsqu’ils franchissent les frontières ? Cet article vous propose d’explorer les différentes dispositions qui encadrent l’exercice de leur métier hors de l’Hexagone.
I. Les conditions d’exercice de la profession d’avocat à l’étranger
Chaque pays possède ses propres règles concernant l’exercice de la profession d’avocat sur son territoire. Afin de faciliter la mobilité des avocats au sein de l’Union européenne, plusieurs directives ont été adoptées pour harmoniser ces règles et permettre aux avocats établis dans un État membre d’exercer temporairement ou définitivement leur métier dans un autre État membre. En dehors de l’UE, les conventions bilatérales ou multilatérales peuvent également encadrer les conditions d’exercice des avocats français.
En ce qui concerne l’exercice temporaire, un avocat français peut exercer dans un autre État membre sous son titre professionnel français (par exemple, « Maître ») sans avoir besoin d’être inscrit au barreau local, à condition qu’il exerce sous sa propre responsabilité et dans le respect des règles professionnelles du pays d’accueil. L’activité doit être liée à un dossier précis, et l’avocat doit informer le barreau local de sa présence.
Concernant l’exercice permanent, un avocat français peut s’établir dans un autre État membre pour y exercer de manière stable et régulière, sous son titre professionnel français ou sous celui du pays d’accueil (par exemple, « solicitor » au Royaume-Uni). Dans ce cas, l’avocat doit être inscrit au barreau local et respecter les règles professionnelles du pays d’accueil. Il peut également devenir membre à part entière du barreau local après avoir réussi un examen ou accompli une période de stage.
II. Les obligations déontologiques des avocats français intervenant à l’étranger
Les avocats français qui interviennent à l’étranger doivent respecter les règles déontologiques en vigueur dans leur pays d’origine ainsi que celles du pays d’accueil. Ces règles concernent notamment la confidentialité, le secret professionnel, la loyauté et la diligence professionnelle.
Lorsqu’un avocat français exerce temporairement dans un autre État membre, il est soumis aux règles déontologiques françaises ainsi qu’à celles du pays d’accueil pour les questions spécifiquement liées à l’exercice de son activité sur le territoire étranger. En cas de conflit entre ces deux ensembles de règles, l’avocat doit appliquer celle qui est la plus favorable aux intérêts de son client.
En cas d’exercice permanent, l’avocat français est soumis aux règles déontologiques du pays d’accueil, mais il doit également respecter certaines obligations prévues par la législation française, notamment en matière de formation continue et de responsabilité professionnelle.
III. Les compétences requises pour intervenir à l’étranger
Intervenir à l’étranger implique généralement de maîtriser le droit local ainsi que les spécificités culturelles du pays d’accueil. Il est donc essentiel pour un avocat français qui souhaite exercer hors de France de se former en conséquence et d’acquérir une expertise dans le(s) domaine(s) juridique(s) concerné(s).
Certaines écoles d’avocats proposent des formations spécifiques pour les avocats désireux de développer leur activité à l’international, comme le Diplôme de Juriste Conseil d’Entreprise (DJCE) ou le Master 2 Droit international des affaires. Ces cursus permettent aux avocats d’acquérir des compétences en droit comparé et en droit international privé, ainsi qu’une connaissance approfondie des systèmes juridiques étrangers.
La maîtrise des langues étrangères, notamment l’anglais, est également un atout indispensable pour les avocats qui souhaitent intervenir à l’étranger. De nombreuses formations linguistiques sont proposées aux avocats pour améliorer leurs compétences en communication et en négociation dans un contexte international.
En résumé, les avocats français qui souhaitent intervenir à l’étranger doivent se conformer aux règles d’exercice de la profession dans le pays d’accueil, respecter les obligations déontologiques françaises et locales et acquérir les compétences requises pour maîtriser le droit local et les spécificités culturelles du pays concerné. La réussite de leur activité à l’international dépendra en grande partie de leur capacité à s’adapter aux exigences de chaque contexte juridique et culturel.